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La boîte à messages
Voici un de mes outils de classe préféré . Il s’agit d’une boîte mise à disposition des élèves et destinée à recueillir - comme son nom l’indique - leurs messages : un tiroir pour les idées, un tiroir pour les râleries et un autre pour les compliments.
Les élèves peuvent tout au long de la semaine remplir des petites fiches qu’ils déposent dans la boîte. Quelques règles sont imposées :
Pour écrire tes messages
-Utilise les petits papiers disponibles
-Demande de l’aide si nécessaire
-Ne t’inquiète pas pour l’orthographe
-Signe ton message
Quand écrire tes messages
-Pendant le « temps libre »
-Quand tu as fini ton travail
ATTENTION
Il est interdit d’écrire des messages volontairement méchants ou insultants
Les messages sont lus lors du conseil de classe. Voici des exemples de messages reçus l’an dernier.
On pourrait faire du cirque ?
J’aimerais changer de place
P. arrête de me suivre !
O. m’embête
M. est rigolote
J’aime B.
H. est mon ami
Dans le tiroir « idées », les élèves proposent des modifications du fonctionnement de la classe (changer l’heure d’EPS, changer de place…), ou des thèmes de travail qu’ils souhaiteraient aborder (la préhistoire, apprendre le chinois…). Ces idées sont lues lors du conseil de classe. On en discute en groupe, elles peuvent faire l’objet d’un vote (afficher un poster rapporté par un élève), d’une période d’essai (changement de place) ou d’un rejet (pas au programme…). Parfois je mets moi-même des messages dans ce tiroir, pour lancer un nouveau projet ou présenter une nouvelle règle de vie.
Le tiroir « râleries » est un moyen très efficace de régulation non violente des conflits. Quand un enfant vient se plaindre d’un autre (chamailleries, conflit à propos d’un jeu…), et qu’il ne s’agit pas d’une situation devant être réglée immédiatement (violence par exemple), je lui demande d’écrire l’objet de son mécontentement dans la boîte à râleries. J’observe alors plusieurs choses. Si l’élève ne prend pas la peine d’écrire son message, c’est que le conflit est anodin et je refuse d’en entendre à nouveau parler. Quand le conflit est sérieux aux yeux de l’élève il prend le temps d’écrire un message. Il le retire parfois avant le conseil de classe s'il considère que c'est réglé. Dans le cas contraire, le message est lu lors du conseil où le groupe échange sur l’origine du conflit (malentendu, moqueries…) et les meilleurs façons de le gérer (savoir dire non, écrire un mot d’excuse, faire intervenir l’adulte…). Passer à l’écrit aide à prendre du recul sur une situation, à mieux en apprécier les enjeux pour soi et pour les autres. De mon côté, je ne m’épuise plus à essayer de régler les "histoires" sur la cour de recréation ou les « embrouilles » quotidiennes.
Le tiroir « compliments » est un peu le pendant du précédent. Les élèves y glissent des « mots doux » à destination de leurs camarades (Ex :P. est gentille). Lors du conseil de classe, je demande à l’auteur du compliment de préciser sa pensée, de nous expliquer ce qu’il a voulu dire, de donner des exemples (Ex : parce qu’elle m’aide). A moyen terme, aucun élève n’est laissé sur le carreau, et je glisse parfois mes propres compliments pour que chacun se sente valorisé (Ex : je suis contente des efforts de K. cette semaine). Le moment de la lecture des compliments est un réel plaisir pour celui qui l’a écrit, celui qui le reçoit et pour la maîtresse qui aime finir la semaine sur une note sereine !
Bien sûr tous mes élèves n’écrivent pas de manière autonome. Ils peuvent alors demander de l’aide à « un grand » ou dessiner leur message. Cette année j’ai construit à partir des difficultés principales rencontrées l’an dernier, un petit dictionnaire pour les aider à devenir plus autonomes.
En trois ans de pratique j’ai vu des élèves, souvent rebutés par la production d’écrit, se mettre spontanément à essayer de traduire leur pensée sur le papier.
Le fait que j’arrive à décoder leurs messages (avec plus ou moins de mal ) favorise la prise de conscience de la fonction de communication de l’écrit. Certains déposent dans cette boîte des messages qu’ils n’osent pas me dire de vive voix (Ex : C’est long les rituels pour moi..). Ils s’entraident et réfléchissent à plusieurs sur l’orthographe des mots et utilisent les affichages de la classe qui prennent alors tout leur sens.
Je reprends leurs maladresses syntaxiques et orthographiques à l’oral. Elles peuvent aussi, selon leur fréquence, faire l’objet de « leçons » plus formalisées lors des temps d’étude de la langue. Bientôt, un lien .
Ici un lien vers les cartes "compliments" éditées par l'OCCE : --> ICI et vers l'aide-memoire --> ICI
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Commentaires
8laetitia079Jeudi 27 Août 2015 à 23:23Ta boite est trop mignonne. Avec ses coloris acidulés, elle donne envie de déposer plein de compliments. Est ce que tu l'as trouvé dans le commerce ou l'as-tu fabriqué?
6AnneSoBvetMercredi 23 Octobre 2013 à 08:00j'ai trouvé l'aide mémoire dans l'ancien cahier d'une élève l'autre jour et je me suis dit que c'était super et qu'il fallait que je retrouve la source... C'est fait ! ;)
Merci m'dame !
Bonjour,
Merci pour ces idées. Je vais tenter de mettre certaines choses en place à la rentrée. Bon courage pour la suite.
4pescalunetteJeudi 20 Juin 2013 à 20:40Je fais un conseil de coopération depuis plusieurs années déjà et je te pique quelques-uns de tes outils notamment ton petit dictionnaire.
J'aime beaucoup l'idée et suis très tentée pour essayer de la mettre en place à la "rentrée". A voir avec la collègue que je vais remplacer.
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La maîtresse de la classe de CM2 de mon fils a mis ça en place. Et ça donne qu'1 seul enfant à mis 18 messages contre mon fils... Et que la maîtresse en a lu 4...
Que faire dans le cas où votre outil "bienveillant" participe à la stigmatisation d'un enfant par celui ou ceux qui ont compris comment utiliser cet outil à leur avantage ?
Bonjour Madame, Monsieur,
Je tombe sur votre message 3 ans après sa rédaction, mais comme des faits comme celui que vous décrivez peuvent se produire dans nos classes, nous devons surligner le fait qu'un outil ne guarantie aucunement un bon fonctionnement, et n'enlève aucune responsabilité du rôle de l'enseignant, tout au contraire. Comme il s'agit d'un outil qui permet l'expression du caractère de tous, l'enseignant doit anticiper sa réaction et pouvoir ajuster et commenter selon sa propre éthique les comportements de ses élèves.
Donc, un enfant n'est pas empêché par les règles d'écrire 18 messages, et en plus sur le même sujet, mais cela appartient aux professeurs de décortiquer les motifs de cet élève et d'en discuter. S'il n'y avait pas de conseil, il se peut que votre fils soit stigmatisé et que le/ la prof ne soit pas au courant pour pouvoir traiter cette situation.
Comme toute pratique d'ouverture, le conseil demande une capacité de rébondissement sur le moment, pour rattraper n'importe quel fait. Cele est un peu le but, de permettre aux caractères d'apparaître de manière à ce que les enfants apprennent aussi à gerer des vraies situations, en s'inspirant par la gestion du/ de la professeur-e.